De la peau d'orange sur l'eau huileuse ; "Les gommes", Alain Robbe-Grillet

Publié le par Les rebouteux

Garinati s’est introduit en pleine nuit dans le bureau de Dupont, afin de l’y surprendre et de le tuer…

 

 

 

            Bouton électrique contre le chambranle, porcelaine et métal nickelé, trois positions.

            Il était en train d’écrire, quatre mots tout en haut d’une page blanche : «  ne peuvent  pas empêcher »… C’est à ce moment-là qu’il est descendu dîner ; il n’a pas dû trouver le mot qui venait ensuite.

            Des pas sur le palier. La lumière ! Trop tard maintenant pour y aller. La porte qui s’ouvre et le regard stupide de Dupont...

 
 

            La plus petite faille… Peut-être. Le marin vient d’achever la manœuvre du treuil à bras ; le pont tournant s’est refermé.

            Penché sur la rambarde, Garinati n’a pas bougé. Il regarde à ses pieds clapoter l’eau l’huileuse dans un angle rentrant du quai ; là se sont rassemblées quelques épaves : un bout de bois taché de goudron, deux vieux bouchons du modèle ordinaire, un fragment de peau d’orange, et des miettes plus ténues, à moitié décomposées, difficilement identifiables.

Publié dans Les autres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article